Alain Badiou
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Alain Badiou
Alain Badiou
Né en 1937, Alain Badiou est l'un des plus grands noms de la philosophie mondiale. Enseignant à l'ENS de la rue d'Ulm, il est l'auteur de classiques comme «Théorie du sujet» ou «l'Etre et l'Evénement».
Nouvel Observateur. - Vous allez jusqu'à opérer une analogie entre sarkozysme et pétainisme. Qu'est-ce qui permet, selon vous, ce rapprochement historique pour le moins audacieux ?
A. Badiou. - Il n'y a pas de ressemblance au sens strict, mais un esprit commun. J'appelle «pétainisme» une forme particulière de la réaction française, qui existe au fond depuis 1815. Premier trait : présenter une politique capitularde comme une régénération nationale. La «rupture», c'est quoi ? Le démantèlement des acquis sociaux, le fait que les riches paient moins d'impôts, qu'on privatise de façon rampante l'université, qu'on donne les coudées franches aux affairistes. Cette façon de déguiser une soumission au capitalisme mondialisé en révolution nationale relève en soi du «pétainisme», au sens formel. Deuxième trait : une répression administrative très dure, visant des groupes tenus pour étrangers à la société «normale». Il ne faut tout de même pas oublier que la dernière élection s'est gagnée sur la capacité à capter les électeurs du FN. Créer des suspects, les Africains, ou les musulmans, ou les jeunes des banlieues, figures nébuleuses à réprimer et à surveiller, est une activité essentielle du nouveau pouvoir, loin d'être seulement son ornement extérieur.
N. O. - Vous évoquez aussi un retour à l'esprit du XIX«siècle, décrivant des capitalistes décomplexés, animés par l'idée que les pauvres sont des paresseux, les Africains, des arriérés....
A. Badiou. - Il s'agit d'un phénomène mondial, pas simplement français. La cause majeure, c'est bien sûr l'effondrement provisoire de l'hypothèse communiste. Tant que celle-ci vivait, les dominants étaient obligés de négocier âprement leur pouvoir, parce qu'une autre voie existait, et qu'une conviction populaire et intellectuelle la soutenait massivement. Maintenant, la bourgeoisie est dans le lâche soulagement : l'«idée» est discréditée, les Etats communistes sont eux-mêmes devenus capitalistes. Le capitalisme peut à nouveau se présenter comme la solution indépassable, et l'argent être réintroduit comme valeur. Sarkozy est l'homme de tout ça. L'«homme de la situation». Au fond, c'est le premier vrai poststalinien français. (Rires.)
N. O. - Autre marqueur idéologique du sarkozysme : le ralliement à un système américain pourtant lui-même largement décomposé... Comment l'interprétez-vous ?
A. Badiou. - Je pense qu'il était extrêmement important pour Sarkozy de montrer rapidement que le gaullisme était mort. D'où son positionnement rapide en chouchou de Bush. Mes amis américains sont horrifiés, à vrai dire. La France reste un mythe là-bas. Ce que vous ne comprenez pas, leur dis-je, c'est à quel point la France est profondément réactionnaire en ses tréfonds. Le Front populaire a tout de même débouché sur Pétain. Mai-68, sur une Chambre des Députés bleu horizon. Si vous la prenez dans sa masse, elle est assez horrible, la France. Attention, c'est un patriote français qui dit ça. Quelqu'un de très attache a ce pays.
N. O. - C'est-à-dire ?
A. Badiou. - Deux choses m'y rattachent profondément. La grande tradition du rationalisme français bien sûr, de Descartes à Lacan, en passant par les Lumières. Et puis, une poignée de gens, dont la Résistance offre l'image absolue. Au bout du compte, la France a toujours été sauvée par les acrobaties d'un tout petit nombre. C'est sur celui-ci qu'on doit continuer à miser.
Né en 1937, Alain Badiou est l'un des plus grands noms de la philosophie mondiale. Enseignant à l'ENS de la rue d'Ulm, il est l'auteur de classiques comme «Théorie du sujet» ou «l'Etre et l'Evénement».
Nouvel Observateur. - Vous allez jusqu'à opérer une analogie entre sarkozysme et pétainisme. Qu'est-ce qui permet, selon vous, ce rapprochement historique pour le moins audacieux ?
A. Badiou. - Il n'y a pas de ressemblance au sens strict, mais un esprit commun. J'appelle «pétainisme» une forme particulière de la réaction française, qui existe au fond depuis 1815. Premier trait : présenter une politique capitularde comme une régénération nationale. La «rupture», c'est quoi ? Le démantèlement des acquis sociaux, le fait que les riches paient moins d'impôts, qu'on privatise de façon rampante l'université, qu'on donne les coudées franches aux affairistes. Cette façon de déguiser une soumission au capitalisme mondialisé en révolution nationale relève en soi du «pétainisme», au sens formel. Deuxième trait : une répression administrative très dure, visant des groupes tenus pour étrangers à la société «normale». Il ne faut tout de même pas oublier que la dernière élection s'est gagnée sur la capacité à capter les électeurs du FN. Créer des suspects, les Africains, ou les musulmans, ou les jeunes des banlieues, figures nébuleuses à réprimer et à surveiller, est une activité essentielle du nouveau pouvoir, loin d'être seulement son ornement extérieur.
N. O. - Vous évoquez aussi un retour à l'esprit du XIX«siècle, décrivant des capitalistes décomplexés, animés par l'idée que les pauvres sont des paresseux, les Africains, des arriérés....
A. Badiou. - Il s'agit d'un phénomène mondial, pas simplement français. La cause majeure, c'est bien sûr l'effondrement provisoire de l'hypothèse communiste. Tant que celle-ci vivait, les dominants étaient obligés de négocier âprement leur pouvoir, parce qu'une autre voie existait, et qu'une conviction populaire et intellectuelle la soutenait massivement. Maintenant, la bourgeoisie est dans le lâche soulagement : l'«idée» est discréditée, les Etats communistes sont eux-mêmes devenus capitalistes. Le capitalisme peut à nouveau se présenter comme la solution indépassable, et l'argent être réintroduit comme valeur. Sarkozy est l'homme de tout ça. L'«homme de la situation». Au fond, c'est le premier vrai poststalinien français. (Rires.)
N. O. - Autre marqueur idéologique du sarkozysme : le ralliement à un système américain pourtant lui-même largement décomposé... Comment l'interprétez-vous ?
A. Badiou. - Je pense qu'il était extrêmement important pour Sarkozy de montrer rapidement que le gaullisme était mort. D'où son positionnement rapide en chouchou de Bush. Mes amis américains sont horrifiés, à vrai dire. La France reste un mythe là-bas. Ce que vous ne comprenez pas, leur dis-je, c'est à quel point la France est profondément réactionnaire en ses tréfonds. Le Front populaire a tout de même débouché sur Pétain. Mai-68, sur une Chambre des Députés bleu horizon. Si vous la prenez dans sa masse, elle est assez horrible, la France. Attention, c'est un patriote français qui dit ça. Quelqu'un de très attache a ce pays.
N. O. - C'est-à-dire ?
A. Badiou. - Deux choses m'y rattachent profondément. La grande tradition du rationalisme français bien sûr, de Descartes à Lacan, en passant par les Lumières. Et puis, une poignée de gens, dont la Résistance offre l'image absolue. Au bout du compte, la France a toujours été sauvée par les acrobaties d'un tout petit nombre. C'est sur celui-ci qu'on doit continuer à miser.
Laulau- Messages : 1238
Date d'inscription : 29/10/2007
Localisation : Marseille
Re: Alain Badiou
Alain Badiou a adopté un enfant noir, il a maintenant 18 ans environ. Quand Badiou parle de certaines questions, entre autre, la provocation de la police envers les jeunes de minorité visible, il sait de quoi il parle. Son fils qui n'a aucun problème des jeunes de banlieues a quand même été arrêté 8 fois en 18 mois,(emmené au poste, menoté, insulté par les flics) cela fait beaucoup pour un jeune qui ne vole pas, qui ne casse pas, qui ne se drogue pas et qui appartient à une catégorie sociale aisée.
Alors, à quand la prochaine flambée?
mada
Alors, à quand la prochaine flambée?
mada
mada- Messages : 981
Date d'inscription : 11/10/2007
Re: Alain Badiou
mada a écrit:Alain Badiou a adopté un enfant noir, il a maintenant 18 ans environ. Quand Badiou parle de certaines questions, entre autre, la provocation de la police envers les jeunes de minorité visible, il sait de quoi il parle. Son fils qui n'a aucun problème des jeunes de banlieues a quand même été arrêté 8 fois en 18 mois,(emmené au poste, menoté, insulté par les flics) cela fait beaucoup pour un jeune qui ne vole pas, qui ne casse pas, qui ne se drogue pas et qui appartient à une catégorie sociale aisée.
Alors, à quand la prochaine flambée?
mada
Bonjour Mada,
Patience ,à force de secopuerle cocotier ,cette droite infâme va bien arriver à soulever le bon populo !
Encore quelques remises en cause des acquis sociaux( certaines entrent en application dès janvier !) et la marmite va entrer sous pression ! En février ,ils vontvoter entre eux le traité pervers,puis ,après les municipales ,ils remettent en cause les retraites et là ---> BOUM !!!
trami- Messages : 1014
Date d'inscription : 10/10/2007
Age : 93
Localisation : Lagord (17140)
Re: Alain Badiou
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Alors, à quand la prochaine flambée?
mada
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Bonjour Mada,
Patience ,à force de secopuerle cocotier ,cette droite infâme va bien arriver à soulever le bon populo !
Encore quelques remises en cause des acquis sociaux( certaines entrent en application dès janvier !) et la marmite va entrer sous pression ! En février ,ils vontvoter entre eux le traité pervers,puis ,après les municipales ,ils remettent en cause les retraites et là ---> BOUM !!!
Mada, Trami,
Sans aucun doute c'est pour bientôt, ils ne sauront pas s'arrêter avant , ils pensent qu'ils peuvent tout se permettre appuyés et soutenus par le medef et leurs vallets les médias.
LN2LR- Messages : 343
Date d'inscription : 29/11/2007
Age : 104
Localisation : le berceau de la démocratie Helvète
quand ?
Allez, je me risque à une grande valse vers avril , et , soit ça explose,soit ça devient une série de grève larvées qui n'en finiront pas ,et,à la fin ,bloqueront l'économie !
De toute façon,ça ne pourra pas gazer tant que cette droite vulgaire ne pensera que sanction!
Voyez la dernière de l'oracle :" on va mettre 2500 radatrs de plus sur les routes "
Pendant ce temps l'Europe demande des sanctions pécuniaires contre les véhicules émettant plu de 120 g CO2! On a déjà ,à peu près 2.500.000 conducteurs sans permis ni assurances et,au lieu de revoir les structures routières pour réguler le flux automobile on fait tout pour le rendre visqueux par des mesures inappropriées ,et,in fine, contraires au renouvellement du parc automobile !
Les constructeurs ont déjà délocalisé en partie ,cela va s'accélérer ---> au profit de qui ???
Borbo, au rapport !!!
De toute façon,ça ne pourra pas gazer tant que cette droite vulgaire ne pensera que sanction!
Voyez la dernière de l'oracle :" on va mettre 2500 radatrs de plus sur les routes "
Pendant ce temps l'Europe demande des sanctions pécuniaires contre les véhicules émettant plu de 120 g CO2! On a déjà ,à peu près 2.500.000 conducteurs sans permis ni assurances et,au lieu de revoir les structures routières pour réguler le flux automobile on fait tout pour le rendre visqueux par des mesures inappropriées ,et,in fine, contraires au renouvellement du parc automobile !
Les constructeurs ont déjà délocalisé en partie ,cela va s'accélérer ---> au profit de qui ???
Borbo, au rapport !!!
trami- Messages : 1014
Date d'inscription : 10/10/2007
Age : 93
Localisation : Lagord (17140)
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