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Le petit arbre grec qui cache la grande forêt américaine

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Le petit arbre grec qui cache la grande forêt américaine Empty Le petit arbre grec qui cache la grande forêt américaine

Message  Laulau Lun 15 Fév - 20:16

Extrait du GEAB N°42 qui vient de paraitre.


Les cinq caractéristiques qui font du « cas grec » l'arbre avec lequel on essaye de cacher la forêt


Venons-en maintenant au « cas grec » qui agite les médias et les
experts depuis quelques semaines. Mais avant d'entrer dans le détail
des évolutions à l’oeuvre, précisons tout de suite cinq points
essentiels de notre anticipation en la matière :


1. comme indiqué dans nos
anticipations pour l'année 2010, parues dans le GEAB N°41, le problème
grec aura disparu des radars médiatiques internationaux d'ici quelques
semaines. C'est l'arbre utilisé pour cacher à la fois une forêt bien
plus dangereuse de dettes souveraines (celles de Washington et
Londres), et le début de rechute de l'économie mondiale, Etats-Unis
en-tête (2).


2. le problème grec est une question
interne à la zone Euro et à l'UE et la situation actuelle offre une
occasion unique aux dirigeants de la zone Euro d'obliger enfin la Grèce
(pays qu'on qualifie d' « élargissement raté » depuis 1982) à sortir de
sa féodalité politique et économique. Les autres pays de la zone Euro,
Allemagne en tête, vont tout faire pour obliger les élites grecques à
adapter leur pays au XXI° siècle en échange de leur aide. Ce faisant,
jouant du fait que la Grèce ne représente que 2,5% du PNB de la zone
Euro (3), ils explorent les mécanismes de stabilisation en temps de
crise dont la zone Euro a besoin (4).


3. Les dirigeants et les médias
anglo-saxons utilisent la situation (comme l'année dernière avec le
soi-disant tsunami bancaire venu d'Europe de l'Est qui allait emporter
la zone Euro (5)) pour masquer l'évolution catastrophique de leurs
économies et de leurs dettes publiques, et pour tenter d'affaiblir
l'attractivité de la zone Euro à un moment où USA et Royaume-Uni ont un
mal croissant à attirer les capitaux dont ils ont un besoin urgent.
Parallèlement, Washington et Londres (qui, depuis l'entrée en vigueur
du traité de Lisbonne, est totalement exclu de la gouvernance de
l'Euro) seraient ravis de voir le FMI, qu'ils contrôlent parfaitement
(6), s'introduire dans la gouvernance de la zone Euro.


4. Les dirigeants de la zone Euro sont
actuellement ravis de voir l'Euro baisser à 1,35 par rapport au Dollar.
Ils savent très bien que ce n'est pas durable puisque le problème
tendanciel est l'effondrement de la valeur du Dollar (et de la Livre
sterling), mais ils apprécient ce « ballon d'oxygène » pour les
exportateurs.


5. Les spéculateurs (hedge-funds et
autres) et les banques largement engagés en Grèce (7) ont un intérêt
conjoint à essayer de provoquer un soutien financier rapide de
l'Eurozone à la Grèce car, si jamais les Européens refusent de se ruer
sur le chéquier (à la manière scandaleuse d'un tandem Paulson-Geithner
avec AIG et l'ensemble de Wall Street en 2008/2009), les agences de
notation leur auront involontairement joué un sale tour. En effet, la
dégradation des notes de la Grèce plonge ce petit monde dans les affres
de pertes financières importantes si, pour les banques, la valeur de
leurs prêts à la Grèce se trouve diminuée d'autant ou si leurs paris
contre l'Euro ne fonctionnent pas à terme (Cool.









Le petit arbre grec qui cache la grande forêt américaine 1884522-2580049

Comparaison 2009 des déficits et des parts du PIB de la zone Euro du
Portugal, de l'Irlande, de la Grèce, de l'Espagne, de la France et de
l'Allemagne - Source : Spiegel / Commission européenne, 02/2010





Goldman Sachs comme acteur de tragédie grecque … et des prochaines faillites souveraines



Dans le « cas grec », comme dans toute aventure à suspens, il faut un «
méchant » (ou pour reprendre la logique de la tragédie antique, un « deus ex machina
»). Or, dans cette phase de la crise systémique globale, le rôle du «
méchant » est en général tenu par les grands banques d'investissement
de Wall Street, et plus particulièrement par leur chef de file, Goldman
Sachs. Et le « cas grec » n'échappe pas à la norme puisqu’il apparaît
que la banque d'affaire new-yorkaise a été directement impliquée dans
le tour de passe-passe budgétaire qui a permis à la Grèce de se
qualifier pour entrer dans l'Euro alors que ses déficits budgétaires
réels auraient dû la disqualifier. Et oui ! C'est Goldman Sachs qui, en
2002, a mis sur pieds un de ces montages financiers astucieux dont elle
a le secret (9) et qui, de manière presque systématique désormais, se
retournent quelques années plus tard contre le client lui-même. Mais,
qu'importe du moment que GS (Goldman Sachs) a pu accroître son profit !



Dans le cas grec, ce que la banque
d'affaire a proposé était très simple : monter un prêt invisible du
point de vue budgétaire (accord Swap
qui permettait de réduire fictivement l'ampleur du déficit public grec)
(10). La responsabilité des dirigeants grecs de l'époque est bien
entendu totalement engagée et ils devraient, selon LEAP/E2020, être
soumis à des enquêtes politiques et judiciaires grecques comme
européennes pour avoir trompé l'UE et leurs propres citoyens dans le
cadre d'un processus historique majeur, la création de la monnaie
unique européenne.


Mais, soyons très explicite, la
responsabilité de la banque d'affaire new-yorkaise (pour complicité)
l'est tout autant, surtout quand on sait que le vice-président pour
l'Europe de Goldman Sachs à l'époque était un certain Mario Draghi
(11), actuel président de la Banque Centrale d'Italie et actuel
candidat (12) à la succession de Jean-Claude Trichet à la tête de la
Banque Centrale Européenne (13).


Sans préjuger du rôle de M. Draghi
dans l'affaire du prêt manipulateur de statistiques à la Grèce (14), on
peut se demander s'il ne serait pas utile de le questionner sur ce
sujet (15). En démocratie, la presse (16) comme les parlements (en
l'occurrence, grec et européen) sont censés se charger de cette tâche.
Etant donnée l'importance prise par GS dans les affaires financières
mondiales ces dernières années, rien de ce que cette banque fait ne
devrait laisser indifférents les gouvernements et les législateurs.
C'est d'ailleurs Paul Volcker,
l'actuel patron des conseillers économiques de Barack Obama, qui est
devenu l'un des censeurs les plus stricts des activités de Goldman
Sachs (17). Or, comme nous avions déjà eu l'occasion de l'écrire au
moment de l'élection de l'actuel président américain, c'est la seule
personne dans son entourage qui possède une expérience et une aptitude
à prendre les mesures difficiles (18) et qui, en l'occurrence, sait de
quoi, ou plutôt de qui, il parle.


Dans cette même logique, et avec
l'illustration du rôle néfaste de Goldman Sachs et des grandes banques
d'affaires en général, en matière de transparence des activités
financières et budgétaires publiques, LEAP/E2020 estime qu'il serait
très utile à l'Union Européenne et à ses cinq cents millions de
citoyens, d'interdire l'accès de toutes les fonctions dirigeantes
financières, budgétaires et économiques (BCE, commission, banques
centrales nationales) aux anciens responsables de ces mêmes banques
d'affaires (19). La confusion des genres ne peut mener qu'à une plus
grande confusion des intérêts publics et privés, qui ne peut se faire
qu'au détriment de l'intérêt public européen.


Pour commencer, la zone Euro pourrait
d'ailleurs demander dès aujourd'hui au gouvernement grec d'arrêter de
recourir aux services de Goldman Sachs puisque d'après le Financial Times du 28/01/2010, Athènes continue toujours à recourir à leurs services.



Si le patron de Goldman Sachs se prend pour « Dieu » comme il l'a dit
dans une récente interview (20), il est sage de supposer que sa banque
et ses homologues peuvent se comporter comme des diables, et donc de se
prémunir en conséquence. Ce conseil, selon notre équipe, est valable
pour l'Europe mais aussi pour tous les autres continents. Il y a des «
services privés » qui vont contre l' « intérêt collectif » : demandez
aux citoyens grecs et aux propriétaires américains de maisons saisies
par les banques !


En conclusion, notre équipe propose un
jeu édifiant à ceux qui veulent savoir où se trouve la prochaine crise
de dette souveraine : cherchez quel état a eu recours à Goldman Sachs
ces dernières années, et vous aurez une piste sérieuse (21) !













---------

Notes:



(1) Les récentes déclarations de l'ancien secrétaire d'Etat au trésor
de G. W. Bush, Hank Paulson, selon lesquelles la Russie et la Chine
auraient comploté pour faire chuter Wall Street à l'automne 2008
illustrent le degré de méfiance qui habite désormais les grands acteurs
globaux. Source : DailyMail, 29/01/2010



(2) Depuis quatre ans, notre équipe expose régulièrement les
aberrations du système de mesure du PNB US ; nous ne reviendrons donc
pas ici sur cet aspect très « grec » des statistiques américaines. Pour
ce qui est de l'évolution de l'économie américaine dans les prochains
mois, il suffit de constater que l'indice sectoriel du tonnage des
transporteurs routiers est en chute libre en Janvier 2010, comme il
l'avait été en fin de premier semestre 2008. Source : USAToday, 11/02/2010



(3) Voir le graphique ci-dessous pour ramener le « cas grec » à de justes proportions en matière de PIB de la zone Euro.



(4) Et dont le GEAB souligne la nécessité depuis quatre ans, ainsi que
le large soutien public (à plus de 90% en moyenne d'après les
GlobalEuromètres mensuels) dont bénéficierait une gouvernance
économique de la zone Euro.


(5) Nous rappelons à ce sujet que le
GEAB n°33, au Printemps 2008, avait été l'un des rares médias a
dénoncer le caractère mensonger et manipulateur de la grande peur d'un
« tsunami bancaire » venu d'Europe de l'Est et qui était supposé
emporter le système bancaire de la zone Euro. A l'époque, l'Euro avait
plongé à des niveaux bien plus bas que ceux d'aujourd'hui … pour se
relever quelques semaines plus tard. Nous invitons d'ailleurs ceux qui
souhaitent bien comprendre la situation médiatique actuelle à relire le
communiqué public du GEAB N°33.



(6) Et le fait qu'un Français soit à sa tête ne change rien à cette situation.



(7) Sources : Le Figaro, 12/02/2010



(Cool Cela dit, en la matière, la manipulation médiatique est
remarquable. Ces derniers jours, on a vu/lu/entendu un peu partout que
des sommes énormes étaient engagées contre l'Euro (pariant l'Euro à la
baisse) … soit huit milliards de Dollars US. En fait de « sommes
énormes », c'est une goutte d'eau dans l'océan du marché mondial des
changes qui chaque jour se monte à plusieurs centaines de milliards
USD. Source : Financial Times, 08/02/2010



(9) Dans le même esprit hautement constructif pour les pays où elle
exerce que celui qui l'a conduit aux Etats-Unis en 2006/2007 à jouer à
la baisse pour son propre compte les produits financiers basés sur
l'immobilier qu'elle vendait à ses clients.


(10) Sources : Spiegel, 08/02/2010 ; Le Temps|1, 13/02/2010 ; Reuters, 09/02/2010



(11) Pendant la préparation de l'entrée de l'Italie dans l'Euro, il était directeur général du Trésor italien. Sources : Banque d'Italie ; Wikipedia ; Goldman Sachs.



(12) Très activement soutenu par les milieux financiers londoniens et
américains comme nous nous en étions déjà fait l'écho, il y a quelques
mois, dans notre bulletin… et bien entendu par Silvio Berlusconi.
Source : Sharenet/Reuters, 10/02/2010



(13) Son concurrent le plus sérieux est Axel Weber, actuel patron de la Bundesbank.



(14) Quoiqu'il serait étonnant que le patron pour l'Europe de la banque
en charge d'un prêt destiné à masquer une partie du déficit public d'un
pays, et lui-même ancien patron du Trésor d'un pays voisin, ne soit pas
au courant de l'opération.


(15) Et, au vu de ses responsabilités
passées, on ne peut qu'apprécier son sens de l'humour lorsqu'il appelle
à un renforcement de la gestion économique de la zone Euro. Source : Les Echos, 13/02/2010



(16) Qui se contente pour l'instant de recopier les articles
anglo-saxons faisant jouer au cas grec le rôle du « tombeur des marchés
mondiaux », et qui répète à longueur d'article que l'Euro tombe … alors
qu'il est à un niveau que cette même presse estimait impossible à
atteindre il y a seulement quatre ans.


(17) Source : Reuters, 12/02/2010



(18) Il appartient à ces générations d'Américains qui ont construit l'
« empire US » d'après-guerre, qui savent sa fragilité et qui
connaissent parfaitement son mode d'emploi, à la différence des
Summers, Geithner et autres Rubin. Notre équipe fait rarement de
compliments à Barack Obama, mais s'il continue à écouter des gens comme
Paul Volker, il est indéniablement dans la bonne direction.


(19) Notre équipe sait, pour en avoir
connu, qu'il y eut une époque, il y a une trentaine d'années, où les
banquiers d'affaires savaient intervenir en ayant à l'esprit l'intérêt
à long terme de leurs clients. Cette époque est bien révolue et ils
n'ont désormais en vue que leur propre intérêt à court terme. Il faut
donc en tirer toutes les conséquences et leur interdire l'accès aux
fonctions publiques-clés, plutôt que de prétendre réformer leur
comportement. S'il y avait des enfants-banquiers d'affaires (comme il y
a des enfants-soldats), on pourrait espérer en sauver certains de leur
addiction aux profits à court terme ; mais pour les banquiers
d'affaires adultes, c'est bien trop tard.


(20) Source : Times, 08/11/2009



(21) Du côté du secteur privé, demandez à Lehman Brothers, AIG, … ils pourront confirmer que c'est un bon indice.










Lundi 15 Février 2010
Laulau
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